Valérie André Médecin Général Inspecteur du Service de Santé des Armées |
Valérie
André est une femme de vocation. Très jeune déjà, elle veut devenir médecin
et piloter des avions. Ces deux passions guideront toute son existence.
Adolescente,
alors qu'elle réside à Strasbourg, elle profite de l'essor de
"l'aviation populaire" pour suivre des cours de pilotage. Avec
l'invasion allemande de 1940, elle fuit l'Alsace pour rejoindre
Clermont-Ferrand, où s'est repliée la faculté de Médecine de
Strasbourg. L'invasion du sud de la France en novembre 1942 la contraint
à un nouveau départ. Pour échapper aux autorités allemandes qui
recherchent les étudiants d'origine alsacienne dans l'ancienne zone
libre, elle part pour Paris.
Elle
y poursuit ses études et obtient son diplôme de docteur en médecine peu
après la guerre. A la même époque, elle assure l'encadrement médical
d'une préparation militaire parachutiste. C'est à cette occasion qu'elle
effectue ses premiers sauts. C'est également à cette époque que son intérêt
pour l'armée se fait plus vif. Désireuse de devenir pilote militaire,
elle se heurte à l'interdiction faite aux femmes d'exercer cette
fonction. La guerre d'Indochine lui permettra de contourner l'obstacle et
de parvenir à ses fins.
En
1948, à la suite d'une pénurie en médecins militaires, le doyen de la
faculté de Médecine de Paris lance un appel en faveur de l'engagement
volontaire d'étudiants pour servir en Extrême Orient. Valérie André
saisit cette opportunité. Elle s'engage dans l'armée et rejoint
l'Indochine comme médecin-capitaine le 9 janvier 1949.
Elle
y est tout d'abord affectée à l'hôpital de My Tho, puis elle rejoint
l'hôpital Costes de Saigon, où elle est assistante en neurochirurgie.
Lorsque
ses supérieurs apprennent qu'elle est également parachutiste, ils lui
proposent de suivre une formation complémentaire en chirurgie de guerre,
à la suite de laquelle elle doit être employée au soutien sanitaire des
petits postes isolés, qui ne peuvent être joints que par des personnels
parachutés. Elle effectue sa première mission sur le HAUT-LAOS.
Quelques
temps plus tard, alors qu'elle assiste à une démonstration d'hélicoptères,
elle prend conscience de l'intérêt que présentent ces engins pour
l'assistance médicale des troupes combattantes. Leur mobilité extrême
et leur capacité d'atterrissage sur des terrains exigus permettent en
effet de remplacer avantageusement les opérations parachutées. En outre,
et en dépit de la sous-motorisation des engins disponibles à cette époque,
l'installation de deux "paniers" de part et d'autre de
l'habitacle permet d'évacuer deux blessés à chaque rotation, chose
impossible avec les interventions parachutées.
De
retour en France, Valérie André rejoint donc un cours de formation au
pilotage d'hélicoptères en juin 1950. Elle repart pour l'Indochine en
octobre suivant. Elle
exerce désormais les fonctions de pilote d'hélicoptère (un Hiller 360),
spécialisée dans les évacuations sanitaires. C'est à cette époque
qu'elle collabore avec le capitaine Alexis Santini, qu'elle épousera
quelque temps plus tard. Entre sa première mission, le 16 mars 1952, et
son départ d'Indochine en 1953, elle aura exécuté 129 vols opérationnels
et assuré l'évacuation de 165 blessés vers les postes médicaux ou les
hôpitaux les plus proches. Bien entendu, la plupart de ces missions sont
faites sous le feu ennemi et dans des conditions particulièrement périlleuses...
Pour les plus dangereuses, elle bénéficie tout de même d'une couverture
aérienne par des avions de chasse, mais le danger reste quotidien.
De
retour en France en avril 1953, le capitaine André est affectée au
Centre d'Essais en Vol de Brétigny, où elle assure un suivi médical des
personnels navigants, tout en participant à plusieurs vols expérimentaux.
C'est également pendant cette période qu'elle participe à la création
du Laboratoire de Médecine Aérospatiale.
De
1959 à 1962, elle sert en Algérie, comme médecin adjoint de la base de
Boufarik, puis comme médecin-chef de la 3ème Escadre d'Hélicoptères,
stationnée à la Réghaïa. Désormais, c'est à bord d'une Alouette 2 et
d'un Sikorsky H-34 qu'elle poursuit ses évacuations héliportées (plus
de 350). En
1961, elle est nommée médecin-chef de l'ensemble de la base de la Réghaïa.
La
fin de la guerre d'Algérie la ramène en France, où elle poursuit une
brillante carrière d'officier du Service de Santé. D'abord médecin-chef
de la base aérienne de Villacoublay, elle est nommée conseillère du
Commandement du Transport Aérien Militaire.
En
avril 1976, elle est la première femme à atteindre le grade de général
(Médecin-Général en fait). En 1981, elle est promue Médecin-Général
Inspecteur avec le rang de général de division et termine sa carrière
comme directeur du service de santé de la 2e Région Aérienne.
Sa
carrière confère à Valérie André une place particulière dans le
monde des femmes militaires. Voilà pourquoi, une fois rendue à la vie
civile, elle prend la tête de la Commission d'Étude Prospective de la
Femme Militaire, avec laquelle elle travaille à promouvoir l'emploi des
femmes dans l'armée.
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