Parmi les escadrons de transport
actuellement déployés outre-mer par le Commandement de la Force
Aérienne de Projection (C.F.A.P), l’ETOM 00.082 est assurément celui
qui est le plus éloigné de l’hexagone, et ainsi, il reste une des
unités les plus méconnues de l’Armée de l’Air. Qui se douterait, en
effet, que l’ETOM offre la particularité d’avoir été l’un des
escadrons à avoir mis en œuvre, en près de quarante ans, le plus
grand nombre d’appareils différents.
LA GENESE
 |
Pour
comprendre les raisons de la présence de l’Armée de l’Air
dans le Pacifique, il faut remonter au 13 février 1960 à
Reggane, aux confins du Sahara. Ce jour-là, la France venait
de procéder à l’expérimentation de sa première bombe
atomique, accédant ainsi au rang de puissance nucléaire.
Mais Reggane, c’était l’Algérie. Or, en 1960, l’histoire
était en marche, et si d’autres expériences purent être
conduites sur les champs de tir du Sahara jusqu’en juillet
1967 à la suite d’accords spéciaux conclus avec l’Algérie
nouvellement indépendante, il convenait de trouver une
nouvelle zone de tir atomiques susceptible de remplacer
celle du Sahara. Le choix de la DIRCEN se porta sur les
dépendances françaises du Pacifique austral et c’est ainsi
que naquit le Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP).
Dès juillet 1963, les trois armées unissaient leurs efforts
et leurs moyens en vue de réaliser l’infrastructure
logistique du CEP dans les atolls isolés de l’archipel des
Tuamotu. |
En 1966, tout était prêt et la
base interarmées de Hao voyait le jour en tant que plaque
tournante et centre de commandement des sites de tir de
Mururoa et Fangataufa. Présente à partir de 1964, l’Armée de
l’Air prit une part importante dans la phase de construction
du CEP, notamment en constituant sur place une unité de
transport aérien destinée à soutenir ses bases. |
LE GAM 82
 |
L’implantation d’une nouvelle unité aérienne n’est
possible que s’il existe déjà un minimum
d’infrastructure aéronautique et technique adaptée
aux moyens aériens qui doit assurer l’accueil, la
mise en œuvre et le soutien.
C’est à Tahiti même, centre
administratif de la Polynésie française, que l’Etat-Major
de l’Armée de l’Air décida le 1er Mai
1964 de créer et d’implanter le Groupe Aérien Mixte
82 (GAM 82). En effet, à cette date, seule l’île de
Tahiti disposait avec l’aérodrome de Faa’a d’une
piste de 3400 mètres de longueur. Inaugurée en mai
1961, cette piste était capable de recevoir
n’importe quel avion long courrier en service à
l’époque.
Organiquement, à sa création le 1er mai
1964, le GAM 82 comprend une escadrille d’avions de
transport et de liaison ainsi qu’une escadrille
d’hélicoptères. Il occupe des installations
provisoires qui comprennent deux demi baraques « FILLOD »
et un petit hangar métallique situé
du |
|
côté ouest de la piste de Faa’a, non loin de la tour de
contrôle. Il entretient un détachement permanent
d’hélicoptères à Mururoa et un autre à Hao. En 1966 – 1967,
le GAM 82 déménage et prend possession de ses nouveaux
locaux au sud de la piste de Faa’a. |
 |
La décision d’implanter à Faa’a le nouveau GAM 82 entraîna
aussitôt la création de la base aérienne 190 qui devait
servir de zone vie et de centre de support pour la toute
nouvelle unité aérienne. La base support est créée le 1er
février 1968 par instruction ministériel n°58/EMAA/1/ORG/DR
du 8 janvier 1968. Cette base groupe les éléments air
stationnés à Faa’a, à l’exception de l’escale aérienne qui
dépend du district de transit du CEP. Le GAM 82 et la base
aérienne sont étroitement liés au niveau organique. Ainsi,
le commandant de la BA 190 est également le commandant du
GAM et il est assisté dans ses fonctions d’un officier
supérieur commandant en second. En matière d’emploi, il
relève de l’Amiral commandant le CEP ; sur le plan
fonctionnel, en ce qui concerne la mise en condition
opérationnelle des équipages il dépend du Général commandant
le COTAM ; et, enfin, sur le plan organique il se trouve |
sous les ordres du
commandant des éléments air du CEP. Les effectifs sont peu
importants à la mise en place des forces en 1964. On compte
seulement 5 officiers, 13 sous officiers du personnel
navigant et 9 sous officiers du personnel non navigant. Sous
les ordres de son premier commandant, le Commandant Paul
JAUFFRET, cette nouvelle unité devait reprendre les
traditions et insignes de l’ancienne Escadrille d’Outre-Mer
82 (EOM 82) dissoute quelques années plus tôt. Ainsi donc,
le « Crocodile » de l’EOM 82 ressuscitait-il au milieu des
îlots coralliens pour venir décorer de sa gueule les flancs
des aéronefs du GAM 82. La mise en place du GAM s’étant
effectuée progressivement durant l’année 1964, les premiers
mois présentent une activité aérienne moyenne avec 1830
heures de vol dans des conditions médiocres et souvent
difficiles. Cependant avec les premiers tirs aériens de 1965
et 1966, le nombre d’heures de vol consommé croit rapidement
et dépasse les 10.000 heures. La constitution d’un véritable
parc aérien, cependant, allait s’échelonner dans le temps,
et la diversité des appareils affectés en près de quarante
ans à l’unité devait immanquablement lui conférer un intérêt
particulier. |
DES DEBUTS TRES CIVILS…
C’est
en effet sur des appareils Breguet 763 « Provence » rachetés à la
compagnie nationale Air France que le nouveau GAM 82 devait faire
ses ailes. Au cours de l’été
et de l’automne 1964, l’Armée de l’Air rachète, dans un premier
temps, à Air France cinq de ces gros quadri moteurs. Un sixième sera
racheté en janvier 1965. Les équipages du GAM 82 sont formés au
Bourget au sein de l’Escadron de Transport 02/064 « MAINE »,
escadron qui opère déjà lui-même sur des variantes du Breguet
« Deux-Ponts », les Breguet 761S et Breguet 765.
Les
deux premiers « Deux-Ponts » du groupe, les Breguet 763 n°306 et 307
quittent le Bourget le 25 juin 1964 et, par la route des Indes,
rejoignent Tahiti où ils se posent le 6 juillet, à 15h précises. De
leurs soutes, sont déchargés deux hélicoptères Alouette II. Deux
autres machines de ce type, les n°86 et n°208 ont entre temps été
acheminées par la voie maritime et débarquées directement sur
l’atoll de Mururoa. Le 27 juillet, le premier vol sur voilure
tournante de l’escadrille d’hélicoptères du GAM 82 est enregistré.
Le 23 novembre 1964 a lieu la première liaison Mururoa – Fangataufa
sur ce type d’appareil. |
 |
Pour pouvoir mener à bien ses missions de liaison lointaine,
le GAM 82 perçoit deux bimoteurs légers Piper Aztec qui, à
compter du 11 juillet 1964 – date du premier vol sur ce type
d’avion dans l’armée de l’air – vont reprendre à leur compte
les missions jusqu’alors effectuées par l’hydravion Short
Bermuda de la société RAI (Réseau Inter Insulaire – Société
tahitienne de transport). Le 22 juillet de cette même année,
après un vol de 4h45, en plein cœur de l’hiver austral, la
ligne Faa’a – Hao est officiellement ouverte.
Un mois jour pour jour après sa création officielle, le GAM
dispose de huit appareils de trois types différents (Breguet
763, Alouette II, Piper Aztec) et effectue déjà de
nombreuses missions diverses et variées tant au profit du
CEP que du COTAM. Ainsi les 26 et 27 juillet 1964, peu
après la création du |
groupe et de l’installation du CEP, messieurs Pompidou,
premier ministre du Général de Gaulle, et Jacquinot,
ministre d’Etat prennent place à bord d’un Breguet 763 et
effectuent une visite d’inspection à Mururoa. Peu après un
autre Breguet 763 ouvre officiellement le terrain de Hao, le
27 novembre précisément. |
 |
La veille de Noël 1964, un troisième
Breguet 763 (le n°311) atterrit à Faa’a. Le 13 février 1965 un
quatrième Deux-Ponts (le n°303) rejoint le GAM. Le 1er
juin c’est au tour du n°305 de se poser sur l’aéroport de Faa’a en
fin de journée. Le 4 octobre enfin, un sixième avion de ce type
vient compléter la dotation en matière d’avions de transports
lourds. Avec un poids maximum au décollage de 51,6 tonnes, à la
vitesse de croisière de 340 km/h, la charge transportable du Breguet
763 était de 11.6 tonnes sur 1.800 km ou de 7 tonnes sur 3.000 km.
En version commerciale cet appareil pouvait accueillir :
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Soit 64 passagers au pont supérieur
bénéficiant d’un bon confort et 48 au pont inférieur dans
une cabine plus bruyante et où la place était mesurée.
Soit seulement 59 passagers au pont
supérieur, le pont inférieur étant occupé complètement par
le fret, son volume étant alors de 80 mètres cubes. |
Code |
Type |
N° |
Ancien Indicatif |
Indicatif AA |
Indicatif GAM |
82 PN |
BREGUET 763 |
303 |
F-BASP |
F-RAPN |
F-RBPN |
82 PO |
BREGUET
763 |
305 |
F-BASR |
F-RAPO |
F-RBPO |
82 PP |
BREGUET
763 |
306 |
F-BASS |
F-RAPP |
F-RBPP |
82 PQ |
BREGUET
763 |
307 |
F-BAST |
F-RAPQ |
F-RBPQ |
82 PR |
BREGUET
763 |
311 |
F-BASY |
F-RAPR |
F-RBPR |
82 PS |
BREGUET
763 |
312 |
F-BASZ |
F-RAPS |
F-RBPS |
Au
cours de l’année 1965, l’escadrille d’hélicoptères perçoit ses
dernières machines. Son parc aéronef est alors de neuf Alouette II
lesquels assurent la desserte des divers chantiers sur les atolls de
tir. Et occasionnellement le transport de visiteurs de marque. C’est
ainsi que le 29 mars, monsieur Messmer, ministre des Armées,
accompagné du Général Martin, chef d’Etat major de l’Armée de l’Air,
se rendent à Fangataufa à bord d’une Alouette II du GAM après avoir
été transporté par un Breguet 763 entre Papeete et Mururoa.
|
 |
Ainsi équipé, dès la mi mai
65, le GAM 82 assure sans relâche les missions de liaison et
de transport qui lui sont confiées par la DIRCEN au profit
du CEP. Pour le transport et l’acheminement de matériels,
les « lourds » sont mis à contribution et grâce à leur
concours, l’achèvement des pas de tir de Mururoa et de
Fangataufa interviendra dans les délais prévus. D’autres
missions plus particulièrement liées aux tirs aériens
viennent augmenter sensiblement le nombre d’heures de vol.
Ainsi, des Breguet 763, puis des DC 6 par la suite,
effectuent des aérotransports de prélèvements réalisés par
des engins MATRA. Ces mêmes avions font également des
mesures de radiation lors des expériences aériennes qui
débutent en 1965-1966 et sont, de fait, légèrement
contaminés. Fort heureusement, avions et équipages sont
décontaminés à l’issue de chaque mission. De même, les
hélicoptères, outre leurs missions de reconnaissance et de
transports de personnels, sont mis en alerte à Mururoa. Ils
ont pour mission d’aller récupérer immédiatement après le
tir qui a lieu sur le même atoll, les enregistrements
effectués dans le blockhaus proche du « point zéro ». De la
rapidité de leur intervention dépend la possibilité, en cas
d’échec, de procéder à un second tir. Ces activités
spéciales donnent lieu à plusieurs témoignages de
satisfaction des hautes autorités dirigeant les essais
nucléaires. |
En ces
débuts, l’événement marquant restera pour le GAM 82 le
« pont aérien » entre Mururoa et Fangataufa. La passe de
Fangataufa n’ayant été ouverte à la navigation que le 18
octobre 1965 avec plusieurs mois de retard, le GAM 82
restait le seul moyen permettant d’acheminer le matériel sur
l’atoll. Le GAM 82 a donc fourni un gros effort et a ainsi
permis le respect des prévisions d’avancement des travaux.
En quatre mois seulement, du 28 août au 30 décembre il y eut
346 rotations. Le nombre maximum de voyage hebdomadaire
s’est élevé à 8 pendant la période de pointe à savoir du 25
octobre au 25 novembre au cours de laquelle en 108 missions,
975 tonnes de matériels divers furent acheminées. Pour la
totalité du détachement, ces chiffres se montent à
346
rotations, 2468 tonnes dont 900 tonnes de ciment et près de
3904 passagers. |
A
plusieurs milliers de kilomètres de la métropole, le soutien
technique des avions du GAM 82 est assuré par le Centre Industriel
du Pacifique (CIP) qui dépend d’UTA et qui est chargé de l’entretien
et de la réparation courante du Breguet 763. En réalité, pour la
base aérienne 190 de Faa’a, le CIP fonctionne comme un arsenal
militaire. Sur la base aérienne 185 de Hao, c’est le Détachement
Alouette du GAM (DETAGAM) qui se charge de l’entretien 2ème
échelon des Alouette II. Périodiquement, les hélicoptères y sont
aérotransportés depuis leurs zones de déploiement pour y subir leurs
révisions qui par ailleurs sont assez fréquentes avec la corrosion
saline qui ronge véritablement les appareils exposés aux embruns
marins.
(VOIR) |
L’ARRIVEE DES DC-6
L’arrivée des DC-6 en 1966 confirme l’activité soutenue du
CEP. Le 13 janvier de cette même année, atterrit le premier
quadrimoteur DC-6 affecté au GAM 82. Il s’agit du n°44697,
vendu à l’Armée de l’Air vers la fin de l’année précédente,
et qui sous l’immatriculation 82-PY fait un bref séjour dans
le Pacifique avant de retourner au « MAINE » au Bourget. Le
21 janvier, un second DC-6 (n°43834) se pose à Faa’a. Il
faut ensuite attendre le 9 novembre pour voir arriver le
troisième avion de ce type, un DC-6A portant le numéro
45226. Cinq autres appareils sont perçus par la suite : |
 |
n°45481 en janvier 1967
n°45108 en octobre 1967
n°45107 en janvier 1968
n°43819 en février 1968
n°43818 en avril 1968
Compte
tenu du retour des deux premiers DC-6 au sein de
l’ET 02/064 « MAINE », six avions de ce type sont alors
affectés en Polynésie.
Pendant ce temps, un détachement
permanent est créé à Mururoa pour assurer le soutien
logistique de l’atoll de Fangataufa et assurer une alerte
dite « à une heure ». |
Alerte qui lui donne bien souvent
l’occasion de décoller et d’évacuer quelque malade ou blessé de
Fangataufa ou même de Totegegie, aux îles Gambier. Une Alouette II
effectuera même un appontage inopiné, par forte mer, sur le De
Grasse pour secourir deux malades à bord. Coïncidant avec l’arrivée
des DC 6 l’année 1966 est aussi marquée par quatre événements
majeurs :
Le premier concerne tout d’abord la
perte accidentelle à Fangataufa du F-RBQB, un des deux Piper Aztec
affecté au GAM depuis moins de deux ans. L’adjudant Belin, en
détachement à Mururoa, assure une liaison sur Fangataufa. A bord, se
trouvent cinq passagers. Nous sommes en août et le temps semble
clément. Pourtant, vers 17 heures, alors que l’avion se présente à
l’atterrissage, il tombe et disparaît à seulement 800 mètres de
l’entrée de piste, sous les yeux de plusieurs témoins. Malgré les
recherches entreprises immédiatement par les hélicoptères du GAM 82
et des bâtiments de la Marine Nationale, aucun corps n’est retrouvé.
Après 2151 heures de vol sur ce type d’avion au sein du groupe,
l’exemplaire restant quitte la Polynésie en octobre 1968 pour
rejoindre, aux Antilles, l’Escadrille de Transport 00.058.
Puis le 9 septembre de cette même
année le Général de Gaulle, président de la République, se rend à
Mururoa où il assiste au tir « BETELGEUSE ». A bord d’un des deux DC
6 du GAM, il rejoint Hao pour la suite de la visite d’inspection.
Le 11 septembre, le groupe reçoit
son insigne, crocodile noir et or sur fond bleu ciel un peu plus de
deux après sa création, héritant ainsi des traditions de
l’escadrille de outre mer 82 qui fut stationné à BAMAKO au Mali.
Enfin, le 15 octobre 1966 un nouvel
accident vient endeuiller le GAM. L’Alouette II n°271 est gravement
endommagé à Hao. Le pilote provoque en effet un pompage turbine qui
l’oblige à se poser rapidement dans le lagon à proximité immédiate
de l’atoll. La machine sera démontée et renvoyée en France pour
réparation en 4ème échelon. Cette machine réintégrera le
GAM 82 dans le courant de l’année 1967. |
 |
Mais 1966 c’est aussi l’année du retrait des premiers « Deux
Ponts ». Après une brillante carrière en Polynésie, le 30
juillet 1966 le 1er
Breguet (n°307) est réformé et regagne la métropole en
octobre suivi du n°306 au mois d’août 1967. A l’issue des
gros travaux sur les différents sites, la présence des
Breguet 763 devient beaucoup moins déterminante. Les DC-6
peuvent en effet assurer très efficacement le transport de
fret et de passagers. Le retrait progressif des Deux-Ponts
est donc inévitable. Le 2 février 1969, le n°303 est réformé
à Faa’a. Il brûlera le 14 mai dans un incendie provoqué par
la mise à feu accidentelle des fusées éclairantes. L’avant
est détruit, les ailes et la dérive sont démontées, le
fuselage mis à la disposition de l’aéroport pour
l’entraînement de la SSIS est réduit par le feu. Les
réformes se succèdent à un rythme effréné. Le 27 février
1970 c’est au tour
du n°312 de quitter le GAM. |
Enfin, en mars 1972 le n°305 est
réformé et le 4 avril le n°311 effectue son dernier vol scellant la
fin des Breguet Deux-Ponts en Polynésie française. Pendant leurs
huit années de présence au GAM 82, les six Breguet 763 auront
totalisé plus de 23.000 heures de vol, transporté 167.600 passagers
et près de 28.700 tonnes de fret. C’est une page de l’histoire qu’il
faut tourner.
Avide
d’événements, le GAM 82 connaît une année 1967 extrêmement
mouvementée qui marque un tournant dans son histoire. En effet,
c’est en 1967, le 30 octobre pour être exact, que le GAM 82 reçoit
son drapeau lors d’une cérémonie officielle. Désormais cette unité
de l’armée de l’air possède son propre insigne et son propre
drapeau. Trois ans déjà que l’unité avait été créée et trois ans
déjà qu’elle rendait des services inestimables. D’autre part l’année
1967 est particulièrement riche en heures de vol. Ceci correspond au
nombre élevé des tirs aériens effectués sur les sites et en
particulier, l’essai du premier engin thermonucléaire français. Le
GAM 82 dispose à cette époque de cinq types d’appareils (Breguet 763
en cours de retrait, Alouette II, Cessna 411, Piper Aztec, DC-6) qui
lui permettent d’accomplir les nombreuses missions, tant logistiques
que tactiques qui lui sont alors demandées. La quantité de fret et
le nombre de passagers transportés sont élevés durant cette période
d’activité qui voit aussi le nombre des visiteurs de marque
augmenter sensiblement. |
L’ARRIVEE DES « LEGERS »
Le 3
octobre 1967, les deux premiers Cessna 411 arrivent à Tahiti : il
s’agit du F-006 et du F-007. Un troisième appareil de ce type est
affecté au groupe le 24 octobre 1969 : il s’agit du F-008 qui arrive
directement du GLAM 1/60, accompagné par un Breguet 763. Ces
appareils viennent alléger la tâche des Catalina de la Section de
Liaison du Pacifique (SLP). Ces hydravions servirent principalement
aux missions SAMAR jusqu’à la dissolution de la SLP le 29 novembre
1971.
Le GAM
82 exploite alors cinq DC-6, trois Breguet 763 encore en dotation,
trois Cessna 411 et 1 piper Aztec qui est arrêté de vol depuis
l’accident du F-RBQB. Sur les atolls, l’escadrille d’hélicoptères
assure, avec six Alouette II, les missions d’aérotransport, de
liaison et de sécurité sur les champs de tir. Mais ouvrons
donc une parenthèse au chapitre des hélicoptères. Le
18 mai 1968,
dans le cadre de la mission Hélipoly, deux H34 sont débarqués du
Transport Chaland Débarquement (TCD) ORAGE de la Marine Nationale,
et affectés au GAM 82, de mai à novembre, pour les travaux
préliminaires de la route traversière devant rallier la presqu’île à
Papeete. Les études et relevés topographiques effectués, les deux
H34 sont embarqués à bord du porte avions Clemenceau pour la France.
Durant cette période le GAM a pu à nouveau s’illustrer en
transportant trois passagers de marque. Il s’agissait de monsieur
GALLEY, Ministre de la recherche scientifique, de monsieur SICURANI,
Gouverneur de la Polynésie française et du Général THIRY, Commandant
de la DIRCEN. Le 16 août 1968, ils prennent part à la visite des
installations du CEP et du CEA à Tahiti et se rendent à Mururoa et
Hao à bord d’un mystère XX du GAM. Ce dernier, en provenance du
GLAM, est mis à la disposition de l’Amiral commandant la Groupement
Opérationnel des Expérimentations Nucléaires (GOEN) pour effectuer
les liaisons entre Faa’a et les sites. Cet appareil effectuera 5
séjours en Polynésie française avant de retourner à VILLACOULBAY le
19 novembre 1979 après avoir effectué pas moins de 760 heures de vol
sous l’insigne du « Crocodile ». |
 |
Du 8 au 31 mai 1969, deux
équipages du GAM 82 effectuent une mission de transport au
profit de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense
Nationale (IHEDN) qui est probablement une des plus
appréciées tant au point de vue touristique qu’aéronautique.
A bord des DC 6 PW et PU, ils effectuent via Honolulu et Los
Angeles, le trajet Acapulco, Lima, Cuzco, Brasilia, Rio de
Janeiro, Sao Paulo, Point à Pitre, Nouvelle Orléans pour
rentrer à Faa’a par San Francisco et Honolulu. Le GAM 82,
par l’intermédiaire du COTAM, reçoit pour cette mission, les
félicitations, en date du 29 mai, du Général directeur de
l’Institut. Il reçoit également des félicitations pour de
nombreux sauvetages et recherches en mer, comme le 21
novembre 1966 lors du sauvetage par hélicoptère,
d’excursionnistes en difficulté dans la montagne de Tahiti.
|
Les années suivantes sont aussi
riches en événements, telle l’escorte SAMAR (le 18 octobre 1970) de
l’avion du Prince Charles d’Angleterre en voyage aux Marquises, la
visite d’une équipe de journalistes de l’ORTF en 1971 ou encore la
tournée d’inspection du Général GAUTHIER en 1972 lorsque il était
chef d’Etat major de l’armée de l’air. Malgré
toutes ces missions ô combien valorisantes pour l’escadron, trois
nouveaux incidents viennent ternir l’image du GAM :
Le 29 novembre 1970, l’Alouette II
n°247 décolle pour une mission d’aérotransport dans la montagne de
Tahiti. Vers 11 heures du matin, l’appareil n’étant pas rentré, les
recherches sont déclenchées, le DC-6 F.RBPY décolle et ce n’est que
vers 14 heures que l’Alouette est découverte dans le lac Vaihiria.
Les conséquences pour l’équipage seront sans gravité mais la machine
sera quant à elle détruite.
Six mois plus tard, le 5 juin 1971,
un accident entraîne la perte, à Hao, du Cessna 411 F-007 qui coûte
cette fois-ci la vie à l’équipage. Cet incident décide l’Etat major
de l’Armée de l’Air à retirer ces avions du Pacifique, au début de
l’année 1973, en raison des effets néfastes de la corrosion.
Le
dernier vol du groupe sur cet avion est effectué le 13 mars 1974,
alors que le Cessna 411 F-008 se pose sur Faa’a. L’unité totalise
alors 5288 heures de vol sur ce type d’appareil. Les deux appareils
restants sont démontés et mis en caisse avant d’être convoyés vers
la métropole et livrés au CEV où ils finiront leur carrière.
Enfin, le 16 mai 1972, l’Alouette II
n°90 disparaît en mer au large d’Amanu avec son
pilote.
Pour
pallier au retrait des Breguet 763, deux Nord 2501 sont affectés à
Tahiti pour les missions logistiques. En effet, les DC 6 ne peuvent
à eux seuls assurer le transport de fret volumineux et de passagers
vers les atolls notamment entre Mururoa et Fangataufa, mais
également entre Tahiti et les atolls où des postes militaires sont
installés. C’est pour cette principale raison que l’Etat major met
en place ces deux Noratlas au sein du GAM 82. Le n°163 arrive à
Faa’a le 23 décembre 1973 suivi par le n°187.
Ces
grands changements se ressentent sur l’activité aérienne. L’année
1969 est beaucoup moins florissante en heures de vol. Malgré un
trafic important en 1970 et 1971 permettant d’effectuer plus de
10.000 heures de vol, les années qui suivent accusent un déclin
notable et avoisinent les 9.000 heures pour décroître nettement en
1975. Cette baisse correspond en réalité à l’arrêt des tirs aériens
au profit des expériences souterraines. A la vue de ces dernières
lignes, il est clair que le GAM 82 est une unité riche en faits
marquants et en actions d’éclats de toutes sortes. Le 27 décembre
1974 l’escadron transporte son millionième passager qui est, en
fait, une passagère. |
LA NAISSANCE DE L’ETOM 82
Le 1er
avril 1976, le COTAM procède dans un but de standardisation, au
changement de dénomination de ses unités aériennes outre-mer. C’est
ainsi que le GAM 82 devient l’Escadron de Transport Outre-Mer 82 par
décision n°368/DEF/EMAA/ORG du 24 février 1976. Les missions de l’ETOM
82 recouvrent sensiblement celles du GAM 82. Au point de vue
opérationnel, elles consistent en la tenue d’une alerte permanente à
trois heures, en évacuations sanitaires exécutées dans la majorité
des cas au cours de lignes régulières (environ 120 malades assis et
60 couchés par année), et en observations météorologiques
fournissant un complément d’informations permettant de préciser la
situation météo avant chaque tir. Ceux-ci, nous l’avons déjà vu,
sont devenus souterrains depuis 1975.
Reprenant sensiblement les structures du GAM 82 à l’extinction de
celui-ci, l’ETOM 82 occupe les mêmes locaux au sud de la piste de
Faa’a. Il est organisé à la manière d’un escadron de métropole.
C’est une unité COTAM mise pour emploi à la disposition de la DIRCEN.
Elle exécute les missions qui lui sont ordonnées par cet organisme,
par l’intermédiaire du Bureau Opérations, et sur ordre du Bureau des
Transports en ce qui concerne les missions à caractère logistique.
Le
nombre d’heures de vol consommé décroît beaucoup à partir de 1975
pour se maintenir à 5.000 heures en 1976, à la création de l’ETOM.
Ce total descend à 3.000 heures à partir de l’année 1977. Ces
chiffres s’expliquent par les départs successifs des deux Noratlas
le 14 avril 1976 ; appareils qui rejoignent la métropole à la 64ème
Escadre de Transport après avoir effectué 1446 heures de vol en 1262
missions sous l’insigne du « Crocodile ». Mais on peut aussi voir
dans cette baisse une toute autre explication. En effet, le début
1976 est aussi marqué par la fin de la flotte Alouette II du CEP,
composée de quatre unités. Trois heures de vol sont effectuées début
janvier par les dernières machines de l’escadrille d’hélicoptères,
qui cesse son activité après 21.736 heures de vol au sein du GAM 82.
Les machines sont démontées et mises en caisse pour être réexpédiées
vers la métropole, à l’exception de l’Alouette II n°242 qui est
dirigée vers la Nouvelle-Calédonie pour constituer l’embryon de l’ETOM
00.052 à La Tontouta.
C’est
également à cette époque que les DC-6 quittent progressivement le
Pacifique. Le premier avion Douglas à quitter la BA 190 est le
n°45107 qui décolle à destination d’Evreux et de l’ET 2/64 « MAINE »
le 19 juillet 1976, suivi le 13 septembre par les n°43818 et 45108
le 1er novembre. Au début de l’année 1977, les deux
derniers DC-6 n°45226 et 43819 quittent le sol tahitien. Tous ces
appareils rejoignent l’ET 02/064 « MAINE » où ils servirent au
transport de personnalités et de fret. Les quadrimoteurs Douglas
auront séjourné un peu plus de 11 ans en Polynésie. Durant cette
longue période, ils ont effectué un total de 61.880 heures de vol,
transporté 833.350 passagers et 33.780 tonnes de fret. Leur mission
principale se bornait au ravitaillement entre Faa’a et les sites de
Mururoa, Fangataufa, et Hao. A cela se sont ajoutés, comme à
l’accoutumée dans le transport militaire, d’autres missions :
Missions liées aux tirs.
Missions d’évacuation sanitaire.
Missions à caractère humanitaire.
Missions de transport de
personnalités et personnels civils du territoire sur les îles.
Convoyage au Bourget pour les
révisions générales.
Missions d’accompagnement des P2
depuis Los Angeles et des N 2501 jusqu’à Pago Pago.
Recherche SAMAR.
Missions d’entraînement des
équipages.
En
1976, un DC-6 participe aux recherches de l’Orataio, bateau de
plaisance perdu en mer. A cette occasion, le record de durée de vol
sur ce type d’appareil a été battu avec un total de 15h40 de vol
consécutives. Il convient aussi de signaler tout d’abord l’incendie
qui détruisit le 82-PC le 18 mai 1969 ainsi que le prêt du n°45472
détaché de l’ET 02/064 « MAINE » de février à novembre 1974. Fidèle
aux traditions initialement acquises, l’ETOM 82 continue, par la
qualité de son travail, à être cité en exemple. En effet, le 30 août
1977, le message n°2733/COTAM/CAM/CH du 15 juin 1977 attribue à
l’Escadron la médaille de bronze du Service de Santé des Armées.
|
UNE NOUVELLE
ERE
 |
Pour
reconstituer le parc aérien du tout nouvel ETOM 82, le Ministère de
la Défense décide d’acquérir trois avions pour remplacer les DC-6 de
la DIRCEN. Son choix se porte sur des SE 210 11 R
« Caravelle » sortant de révision. Le premier appareil, le n°240 (ex
90-CLC d’AIR ZAIRE) arrive à l’escadron le 4 août 1976, suivi le 2
septembre par le n°251 (ex 90-CLD également d’AIR ZAIRE) et le 28
décembre par le n°264 (ex EC-BRJ d’IBERIA). Ces
appareils sont arrivés à Tahiti par l’itinéraire suivant :
LE
BOURGET - ISTANBUL - KOWEÏT - BOMBAY - BANGKOK - SINGAPOUR - BALI -
DARWIN - NOUMÉA - PAGO PAGO - PAPEETE
|
Pour la
petite histoire, le mercredi 4 août 1976, le Colonel CALDERON,
adjoint air, et son équipage arrêtent la première Caravelle du CEP
face au hangar de l’UTA/CIP. La Base aérienne offre un petit
cocktail pour célébrer l’événement, puis l’avion est livré aux mains
des techniciens du CIP avant de recevoir ses premiers passagers le
lundi 9 août 1976. Entre-temps la machine a provisoirement changé de
propriétaires. Fidèle à ses traditions l’aéronavale a apposé des
ancres de marine sur les cocardes des réacteurs. L’affront est vite
effacé, mais les « aéro » ne s’avouent pas battus pour autant. La
Caravelle que nous découvrons lundi 9, si elle a retrouvé ses
propriétaires a changé de constructeur : il s’agit d’un appareil
« aéronavale » SE 210 n°240. Dès le lendemain cependant
l’aérospatiale a repris son bien. Ces trois avions ayant porté les
couleurs de compagnies civiles étrangères prennent les codes et
marques suivants :
N° série |
Ancien Indicatif |
Ancienne Cie |
Indicatif ETOM |
Nom Baptême |
Premier Vol
|
240 |
9Q.CLC |
AIR CONGO |
F-RBPR |
TOREA |
19 Oct 1967 |
251 |
9Q.CLD |
AIR CONGO |
F-RBPS |
MAIRE NUI |
09 Oct 1968 |
264 |
EC.BRY |
IBERIA |
F-RBPT |
TEVA |
12 Sept 1969 |
|
 |
Ces trois Caravelle sont
équipées d’une porte cargo pour permettre la manutention rapide du
fret ou de sièges palettisés. Le mode d’exploitation inter insulaire
des « Caravelle » impose des changements fréquents systématiques en
leur configuration pour les adapter aux différentes missions (fret,
passagers ou mixte). Dans un souci d’économie et de gain de temps,
il a été décidé d’installer un certain nombre de sièges sur des
palettes « Quick Change » utilisables avec le système d’arrimage
automatique de palette de la « Caravelle ». Il est en effet possible
d’équiper ces appareils en différentes versions :
57 sièges + 2 palettes de fret.
72 sièges + 1 palette de fret.
|
90 sièges.
Tout cargo.
Igloo sanitaire.
|
 |
Au départ de Faa’a, il faut maintenant 2h00 pour rallier
Mururoa et 1h30 pour Hao. Les Caravelle assurent d’ailleurs
12 lignes régulières hebdomadaires sur ces destinations,
avec une alerte permanente à 3 heures pour évacuation
sanitaire, et participent aux observations météo pendant les
campagnes de tir. En plus de ces missions les Caravelle de
l’ETOM effectuent bon nombre de missions de services
publics. A ce titre, dans la nuit du 14 au 15 février 1978,
deux Caravelle décollent sur alerte pour MURUROA. Elles ont
pour missions de ramener à PAPEETE un contingent de
légionnaires destiné à maintenir l’ordre dans la prison de
Faa’a où une mutinerie très violente s’est déclarée.
Quelques heures plus tard les hommes sont sur place prêts à
intervenir. L’ETOM reçoit les félicitations des autorités
pour sa rapidité d’intervention. |
Considérablement renforcé par la mise en service des Caravelle, l’ETOM
82 se trouve tout de même dans l’impossibilité d’intervenir sur les
atolls, qui ne peuvent accueillir ces biréacteurs. L’arrivée au mois
de novembre 1978 d’un DHC-6 Twin Otter (F-RBPU) va donc permettre
d’accroître considérablement les possibilités de liaisons et
d’interventions sanitaires de l’ETOM. Cet avion, acheté au titre du
marché NP 78-41334 MTA/WSH du 29 mars 1978, réceptionné le 1er
novembre à l’usine De Havilland à Toronto, et convoyé par l’Europe
et la route des Indes en 19 jours, arrivera à Faa’a le 22 novembre
près avoir emprunté l’itinéraire suivant :
TORONTO |
GOOSE
BAY |
KEFLAVIK |
LE BOURGET |
HERAKLION |
DAMAS |
DUBAI |
MASQUAT |
MADRAS |
PENANG |
BALI |
DARWIN |
TOWNSVILLE |
NOUMEA |
NANDI |
PAGO - PAGO |
PAPEETE |
|
|
|
|
 |
Il est ensuite pris
officiellement en compte par l’Armée de l’Air le 25
novembre, les quatre pilotes de l’ETOM effectuant leur
transformation du 28 novembre au 9 décembre. Mis à la
disposition du COMSUP, cet appareil est équipé d’un système
de navigation OMEGA, d’une instrumentation COLLINS, d’un
pilote automatique avec directeur de vol et d’un radar météo
RCA PRIMUS. En version passager il peut transporter jusqu’à
17 personnes et peut rallier Hao en 3h30.
Le 16 juin l’Escadron effectue la 5.000ème
heure de vol en « Caravelle » sur le trajet Faa’a – Hao –
Faa’a. Du 18 au 21 juin 1979, l’unité à l’honneur de
transporter Monsieur Valery Giscard d’Estaing alors
Président de la République et son épouse, accompagnés du |
Directeur du centre
d’Expérimentations du Pacifique (CEP), vers les sites de
Mururoa et Hao, à bord de la Caravelle F-RBPS. |
LA RENAISSANCE DU « MAINE »
Le 22
juin 1979 marque un tournant dans la vie de l’ETOM. Le Général de
brigade aérienne FLACHARD, commandant le Transport Aérien Militaire,
confie à l’ETOM 00.082 le fanion et les traditions de l’Escadron de
Transport « MAINE » lequel avait été dissous à EVREUX le 1er
juillet 1977 alors qu’il volait sur Douglas DC-6.
PARAHI « CROCODILE » E MAEVA « MAINE »
L’activité aérienne est soutenue avec une moyenne de 2.900 heures de
vol par an pour les SE 210 et le 28 février 1980, le tout nouveau
« MAINE » fête les 10.000 heures des « Caravelle ». C’est aussi
250.000 passagers et 10.000 tonnes de fret transportés avec
régularité et sécurité en moins de 4 ans dans le ciel polynésien.
C’est encore 890 hommes et femmes évacués sanitaires vers les
hôpitaux de Tahiti. A ce titre, le 19 janvier 1979, l’action
combinée de deux appareils de l’escadron permet une EVASAN
spectaculaire. Un cargo canadien croisant à 600 nautiques au sud de
l’archipel des Gambier signalait par radio qu’un officier du bord
était très sérieusement malade. A portée pratique, une Alouette III
de l’ETOM décollait pour rejoindre le cargo à la mer et ramener le
malade à Mururoa. Peu après, il était amené à bord de la
« Caravelle » régulière et regagnait l’hôpital de Papeete.
|
 |
Ainsi revalorisé, l’ETOM 00.082 entame une nouvelle vie sous
les couleurs du MAINE qui fut curieusement le premier et le
seul escadron métropolitain de l’Armée de l’Air à utiliser
des Breguet Deux-Ponts avant de les léguer au GAM 82, auquel
il a, par un heureux et étrange retour du sort également
transmis son nom et son fanion. Au début de l’année 1980, le
tout nouveau « MAINE » est alors en possession de 3
Caravelle, 1 DHC6, et 5 Alouette III, des appareils
extrêmement performants pour l’époque et parfaitement
adaptés à la région et aux missions qui leurs sont
demandées. L’escadron est alors scindé en deux escadrilles
bien distinctes notamment sur la plan géographique. En
effet, alors que l’escadrille avion reste basée sur la base
aérienne 190 de Tahiti Faa’a, la toute nouvelle escadrille
d’hélicoptères se trouve stationnée sur la BIA de Mururoa. |
Les
années 80 voient l’activité aérienne sans cesse diminuer
principalement en raison d’une diminution des essais
nucléaires et des deux crises pétrolières qui affectèrent
lourdement le budget de la Défense. Toutefois, dès 1982, la
DIRCEN a recherché un hélicoptère de moyen tonnage apte à
effectuer des liaisons avec la barge-hôtel « Super Tila » et
prêt à remplacer les Alouette III. Elle a porté son choix
sur trois hélicoptères AS 332 « Super Puma ». Le marché est
notifié en décembre de la même année et les livraisons sont
échelonnées du 21 mai au 9 août. Embarqués sur le RODIN ils
sont débarqués à MURUROA le 5 octobre et effectuent leurs
premiers vols vers le 7 octobre. Il s’agit des appareils
n°2014, 2057, et 2093. La première mission opérationnelle
est effectuée le 24 octobre. Capable de transporter 17
passagers en version confort, il peut également emporter de
2.000 à 3.000 kg de fret en soute suivant la longueur de la
mission et 4.500 kg maximum en charge offerte extérieur.
Grâce à ses 8 réservoirs de carburant, le Super Puma a un
rayon d’action de plus de 300 nautiques à la vitesse de
croisière de 130 knots. Equipé de flottabilités de secours,
d’un système de navigation Omega, d’un radar météo et
d’équipements radio et de navigation performants, cet
appareil bi-turbine autorise des missions de convoyage, de
treuillage ou de transport à l’élingue. C’est à l’escadrille
hélicoptères de l’ETOM 00.082 « MAINE » que revient le
privilège de mettre en œuvre ces appareils, premiers types
mis en service dans les armées françaises. |
 |
A
part, l’arrivée des Super Puma au sein de l’escadrille
d’hélicoptères, l’ETOM ne connaît pas de grands changements
durant cette décennie tant sur le renouvellement de ses
appareils qu’au niveau de ses missions. L’escadron continue
de s’illustrer au travers d’autres missions à caractère
humanitaire. Durant l’année 1982, en mars, c’est au secours
des Tonga, ravagés par un cyclone, que se porte l’ETOM
00.082. De Faa’a à Nuku a Lofa, l’escadron transporte près
de 8 tonnes de denrées et de matériel de secours au profit
des sinistrés. Puis, en 1983, année marquante suite au
passage sur Tahiti du cyclone Veena, dans le cadre du plan
ORSEC, l’unité, et en particulier l’escadrille
d’hélicoptères est mise à contribution de façon intensive au
profit de la |
population éprouvée par le sinistre, en effectuant un nombre
important d’EVASAN durant tout le mois d’avril. |
 |
L’année
1984 est plus réjouissante car elle voit l’ETOM fêter ses 20 ans de
présence en Polynésie. Vingt ans, le plus bel âge, même pour un
escadron de transport, qui a largement fait ses preuves et pas
encore fini sa carrière. Car ces 20 années représentent 151.000
heures de vol, 65.000.000 kilomètres parcourus, 1.500.000 passagers
et 55.000 Tonnes de fret transporté. Cette même année, l’escadron a
l’honneur de transporter à bord de ses avions et hélicoptères de
nombreux d’hôtes de marque :
Monsieur
Charles HERNU, ministre de la défense.
Le Général Clariond, commandant le transport aérien militaire.
Monsieur GATEL, secrétaire d’état à la défense nationale.
L’Amiral Crowe, commandant l’US NAVY dans le pacifique.
En
dehors de ses missions courantes, le « MAINE » continue comme par le
passé à venir en aide aux populations, comme le 21 janvier 1985 où
il achemine du fret et des vivres aux populations des îles Fidji,
ravagées par NIGEL, un cyclone particulièrement meurtrier. Les
Caravelle effectueront également de Rangiroa à Faa’a un certain
nombre de vols au profit de l’UTA, un DC 10 de la compagnie étant
contraint à l’atterrissage d’urgence sur cet atoll des Tuamotu suite
à une alerte à la bombe. De 1980 à 1986 le nombre d’heures de vol
consommées pour les trois types de machines (SE 210 – DHC 6 – AL
III) passe de 3700 heures environ à 5000 heures, dès 81. On notera
qu’à partir de 1984, année d’arrivée des Super Puma à l’ETOM, le
potentiel alloué aux Alouette III chute de 1600 heures à 1000 heures
annuelles. L’activité des Caravelle durant toute cette période
restera voisine des 3000 heures par an. |
 |
Le Twin Otter effectue sa dernière mission le 8 décembre
1986 au sein de l’ETOM 00.082 avant d’être rayé des
contrôles, puis démonté et mis en caisse par UTA / CIP. Il
sera embarqué à bord du TCD Orage le 14 janvier 1987 et
regagnera la métropole pour revoler au sein du GAEL à
VILLACOUBLAY. Cet avion, baptise « MAUI » aura effectué plus
de 4120 heures de vol et rendu d’inestimables services. |
En 1987
l’activité aérienne s’est vue amputée de 500 heures sur le
potentiel d’utilisation « Caravelle ». Ceci est dû en partie
au fait que les DC 8 se posent à Mururoa en arrivant de
Métropole et que l’activité des sites est mise en sommeil
hors expérimentations. Certaines compensations viennent
toutefois équilibrer cette chute de potentiel par une
augmentation du potentiel Super Puma et une légère tendance
à la diversification des lignes Caravelle. Les années 80 se
terminent et voient l’arrivée du dernier Super Puma au sein
de l’ETOM en septembre 1989. Il s’agit du n°2244 qui est la
version longue de l’AS 332 développée par Eurocopter.
L’unité est alors dotée de 4 Super Puma, 3 Alouette III et
toujours de ses trois bonnes vieilles Caravelle. |
LA FIN DES ESSAIS NUCLEAIRES
 |
Le gel des essais nucléaires décidé par le président
MITTERAND lors de sa venue en Polynésie française pendant
son second septennat a conduit à un très net ralentissement
de l’activité du « Maine » au début des années 90 et
notamment celle des Caravelle puisqu’elles ne pouvaient
utiliser que les pistes de quatre îles sur les 118 que
compte le territoire tout entier à savoir Faa’a, Hao,
Mururoa, Rangiroa. Ces trois machines commençant à se
faire vieillissante et le coût de leur entretien augmentant
de façon exponentielle, le problème de leur remplacement
s’est donc posé. La DIRCEN, dont les jours sont comptés
puisque le démantèlement effectif des sites se profile à
l’horizon, ne tenait pas à acquérir de nouveaux appareils.
Un compromis a donc été trouvé avec l’Armée de l’air, qui
devrait à terme récupérer les hélicoptères, |
avec l’affectation de deux
avions de transport léger. Le choix du type de machine dans
la flotte du CFAP s’est donc porté sur le Casa-Nurtanio
235-100 car il s’avérait mieux adapté que le C160 au regard
de la charge moyenne transportée et de ses performances par
température élevée, ses turbines étant plus modernes que
celles du Transall et leur puissance se dégradant moins avec
le chaleur. Cet avion dispose d’une avionique moderne avec
un tableau de bord doté d’un EFIS, ainsi que d’écrans
cathodiques pour la visualisation. Combinant passagers et
fret, le Casa peut parcourir une distance franchissable de
1800 à 2600 Nm avec une masse maximale de 15,8 tonnes au
décollage. Le premier appareil destiné à l’ETOM aurait dû
arriver à Tahiti durant l’été 1995, mais l’annonce de la
reprise des essais par le président Chirac le surprit lors
de son convoyage en escale à Bali. Obligé de ravitailler
ensuite soit en Australie, soit en Nouvelle Zélande, il dut
faire demi-tour et rentrer en métropole devant le refus de
ces deux pays.
Les
Caravelle étant déjà pratiquement retirées du service, il fallait
absolument trouver une solution de remplacement pour assurer le
regain d’activité lié à la reprise des essais. Le 18 septembre 1995
la Caravelle n°240 baptisée TOREA effectue son dernier vol sous les
couleurs du « Maine » avant d’entamer une nouvelle vie dans le
transport civil belge. Deux C160 NG furent donc détachés au
« Maine » de juillet 1995 à avril 1996, ceci en complément du
détachement qu’effectue un des deux Transall de l’ETOM 00.052 de
Nouméa quatre fois par an. Cet escadron fournira également un Puma
d’août 1995 à avril 1996 pour renforcer la protection des sites à
cause des tentatives d’intrusion de la part de mouvements
écologistes. Ces appareils seront basés à Faa’a durant leur présence
sous les couleurs du Maine.
|
 |
Pendant
ce temps, le site de Mururoa héberge toujours les Super Puma du
Maine, désormais au nombre de trois depuis le crash accidentel du
n°2057 en février 1991 lors d’une séance d’entraînement aux
procédures d’urgence. Les alouette III entament quant à elle leur
dernières heures au sein de l’unité. Elles seront retirées du
service le 31 décembre 1993 pour rejoindre la métropole. A la
reprise des essais nucléaires en 1995, l’escadron est toujours
scindé en deux :
Une
escadrille avions basée à Faa’a composée de seulement deux Transall
depuis le départ des Caravelle et en attendant l’arrivée des deux
Casa. |
Une
escadrille hélicoptères basée à Mururoa composée de
trois Super Puma. |
Provenant de la réorganisation du CEP, le 1er
août 1995, la Base Aérienne 190, nouvellement baptisée
Sergent JULLIEN depuis le 24 juin 1992, n’est plus placée
sous le contrôle opérationnel de la Direction des Centres
d’Expertises Nucléaires, mais relève des forces de
souveraineté tout en gardant sa mission opérationnelle au
profit de la DIRCEN. Comme toute unité de transport de
l’armée de l’air, l’ETOM dépend du CFAP, le Commandement de
la Force Aérienne de Projection, mais est sous le
commandement opérationnel de la DIRCEN, c’est à dire que
c’est elle qui donne les ordres opérationnels. Le « Maine »
est en effet subordonné à 3 autorités différentes, à savoir
le CFAP pour le fonctionnement et l’instruction de son
personnel et pour son emploi à la DIRCEN, qui dépend elle
directement du Président de la République ainsi qu’au COMSUP,
le Commandement des Forces Armées du Pacifique Sud chargée
de coordonner l’action des forces françaises dans la région.
Malgré tout, les missions humanitaires et de service public
représentent une part de plus en plus importantes des heures
de vol effectuées par le « Maine ». A titre d’exemple on
peut citer les nombreux transports de vivres et d’eau
effectués en mai 1993 suite au tremblement de terre à
Futuna, les 6 évacuations sanitaires réalisées par les
appareils de l’ETOM en seulement 10 jours durant l’été 1994
aux Australes, et, le transport des piroguiers de Faa’a pour
les championnats du monde de Va’a à Apia. |
 |
Le premier Casa arrive à Tahiti en janvier 1996, tandis que
le second se pose sur la piste de Faa’a en mars de la même
année coïncidant avec le départ du C160 F217 Le second
C160 quitte le sol polynésien en avril avec à son bord le
Puma n°1351 pour rejoindre l’ETOM 00.052 de Nouméa. Ces
changements précipitent le retour d’un des trois Super Puma
sur la BA 190. Ce dernier est utilisé pour des missions de
transport classique dont les 4/5ème se font au
profit du COMSUP malgré l’appartenance DIRCEN. |
L’ETOM 00.082 AU XXIème
SIECLE
Le 1er
août 1998 avec la disparition de la DIRCEN c’est une page de
l’histoire qui se referme. La BA 190 assure alors ses
missions opérationnelles dans le cadre de celles relevant du
COMSUP des forces armées en Polynésie française. Les trois
Super Puma sont reversés à l'Armée de l'Air, et, alors que
le n°2093 rejoint la métropole suite à un incident, les deux
autres (n°2057 et n°2244) sont rapatriés sur Faa'a.
La fermeture de la BIA d’Hao en juillet 2000 ne fait que
confirmer la volonté politique de notre gouvernement de
mener désormais ses essais en laboratoire et par
informatique. |

L’organigramme diffère très légèrement
de par la disparition du CEP. Ainsi, l’escadron de transport outre
mer 00.082 « MAINE » demeure toujours une unité de la Force aérienne
de projection (FAP) mise dorénavant seulement pour emploi auprès du
commandement supérieur des forces armées en Polynésie française (COMSUP).
Cette unité, implantée sur la Base aérienne 190, possède une
composante « avions » et une composante « hélicoptères ». Les
missions attribuées à l’ETOM sont assurées par les appareils de type
CASA 235 et Super Puma, conformément à l’ordre particulier d’emploi
n°248 du CFAP. Respectant les normes d’emploi et optimisant leurs
qualités respectives, ces missions entrent dans la typologie
suivante :
Missions de maintien des compétence des
forces de souveraineté |
 |
Ces missions sont effectuées aussi bien lors d'exercices majeurs
interarmées de type MARARA, CROIX DU SUD que dans le cadre
d'entraînements mutuels avec les unités des différentes armées ou
directions présentes sur le territoire.
Dans ce cadre, le Casa peut être amené
à effectuer des aéroportages d'assaut (personnel, matériel ou mixte)
et des aérolargages (personnel, petit colis) dès lors que les
personnels Terre qualifiés largueurs sont disponibles sur le
territoire (compagnie tournante ou personnel de Nouvelle-Calédonie).
Le Super Puma peut utiliser dans ce contexte les savoir-faire
suivants : aéroportage tactique, aérocordages (grappe, rappel),
hélitreuillage, VERTREP, sling ou swing de matériels lourds,
reconnaissance… |
Missions de soutien logistique au
profit des forces de souveraineté |
 |
Des missions d'aérotransport logistique assurent une partie du
soutien logistique du site de MORUROA (relève de personnel, soutien
de l'homme, évacuation sanitaire…). D'autres sont effectuées au
profit d'unités assurant des missions de présence (Bougainville, La
Pérouse, chantiers de coopération…), au profit de la gendarmerie et
du S.M.A. (Service Militaire Adapté) et au profit des autorités.
Les missions Casa ou Super Puma
effectuées dans ce cadre sont de type aérotransport de passagers, de
matériels ou mixte. Dans ce cadre, le Super Puma peut également
utiliser les savoir-faire suivant : sling, swing, VERTREP.
|
Missions d'aide humanitaire et de
service public |
 |
Recherche et sauvetage de jour uniquement à terre (SATER), en mer
(SAMAR) en complément des moyens de la Flotille 25 F (Casa et Super
Puma).
Secours en mer (SECMAR) (Casa et,
fonction de la distance, Super Puma).
Evacuations sanitaires (EVASAN) (Super
Puma en moyen obligé sur les îles éloignées sans piste
d'atterrissage ; Casa et Super Puma en moyens complémentaires dans
les autres cas).
Aide aux sinistrés / secours aux
populations par aérolargage (Casa), "aéroportage" (Casa, Super Puma)
et/ou sling/swing (Super Puma) / Recherche de disparus.
|
Concours au profit de la gendarmerie
pour la lutte anti-drogue (Transport par Casa, reconnaissance
/ découverte des sites de culture par Super Puma).
Missions de maintien en condition opérationnelle des équipages
|
 |
- Maintien des compétences logistiques
et tactiques.
- Développement des compétences
particulières de type largage de chaîne SAR (Casa 235) et appontage
sur frégate de surveillance (Super Puma)
En 2002 l’activité aérienne est ramenée
à un peu moins de 1800 heures de vol (1160 heures pour les
Casa et 620 heures pour les Super Puma). Les Casa de l’ETOM
réalisent chaque année plus de 300 heures de vol à
destination de l’atoll de MURUROA afin de procéder au
ravitaillement des troupes du RIMaP-P stationnées sur place
ainsi qu’aux relèves en personnels. |
 |
Même si
les avions changent, les hommes restent les mêmes. Les équipages,
conscients de leur mission, se font un honneur de rester toujours
disponibles et d’assumer toutes leurs tâches avec un maximum
d’efficacité. Et pour l’îlien éloigné sur son atoll, l’hélicoptère
blanc reste un symbole de réconfort et sera toujours le bienvenu. En
plus de 38 ans de présence dans le Pacifique Sud, l’Escadron de
Transport Outre-Mer 00.082 « Maine » autrefois nommé GAM 82 s’est
illustré de manière valeureuse et courageuse. Totalisant plus de
200.000 heures
de vol, il a su « faire face » à tous moments et dans toutes les
situations.
Cne
Gosselin
Officier Tradition ETOM 00.082 - 27 avril 2003
|
.
(VOIR)
Communication Marc
Gosselin |
|