Etant déjà positionné en longue finale
en approche haute (heureusement) face au vent d’après les
fumées alentour, et en attendant un éventuel fumigène, je
décide de ne pas effectuer de passage sur la DZ (re-heureusement).
Je réduis les gaz et commence la descente en demandant au
numéro 2 de prendre ses distances. J’aperçois alors avec
surprise les types de la colonne s’éparpiller dans toutes
les directions et, presqu’immédiatement, un cri du mécano
dans les écouteurs : « Nous sommes
touchés, on nous tire dessus ! ». 2500 t/m, 40 à
l’admission, break rapide afin de s’éloigner au plus vite
tout en avertissant le n°2.
Trop tard, la balle qui
a frappé le cargo a touché un des commandos. Après avoir
envoyé un message sur les ondes (sans être certain qu’il ait
été entendu vu l’encombrement sur la fréquence), nous
mettons à toute vitesse le cap sur Orléansville et son
hôpital où nous débarquons les commandos et leur malheureux
camarade mortellement blessé.
Après avoir redécollé en direction de la Base,
j’arrive en longue finale sur la piste et commence à réduire
les gaz, lorsque le moteur coupe brutalement. Réflexe
immédiat, mise en autorotation et… le moteur reprend ;
j’embraye avec précaution, et comme la piste est assez
longue, je me pose en atterrissage roulé, à faible puissance
donc car on ne sait jamais…
Le parking puis les OPS, avec la sensation pénible
d’être presque responsable de la mort du pauvre gars. Une
dizaine de minutes plus tard, mon mécano vient me chercher :
« Viens voir le taxi ! ». Nous retournons sur le parking où
un attroupement entoure le H34. C’est alors qu’il me montre
au passage la Boîte de Transmission rotor de queue percée
par un second projectile avec le liquide poisseux
dégoulinant tout le long du pylône de queue, et la bâche
presque vide. Il était vraiment temps qu’on se pose, car
sans rotor de queue…
« C’est pas fini : il y en a une troisième ! », et de
me montrer le cylindre supérieur du moteur dont une tubulure
d’admission a été traversée de part en part, ce qui a
peut-être provoqué la coupure du moteur à la réduction des
gaz en finale. Je pense alors que la balle a dû passer très
près de l’habitacle sans nous toucher, chance que n’aura pas
plus tard Jean Browne
mon meilleur copain,
presqu’un frère, tué aux commandes d’un « Pirate », pas plus
que le Sergent Galabert victime d’une panne moteur,
également sur « Pirate », à basse altitude et faible
vitesse, domaine de vol qui ne pardonnait pas.
A leur mémoire, je conserve précieusement une photo
noir et blanc, format carte postale, prise par un
professionnel, rue d’Isly, lors d’une journée de détente à
Alger. Nous sommes trois marchant côte à côte, détendus,
souriants… à ma gauche Browne et Galabert. Le
dicton populaire ne s’est pas vérifié…
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