Décès de Émile Martin le 4 mars 2015

Émile Martin est né le 11 décembre 1917. Le 1er octobre 1934, il intègre l’école des Apprentis Mécaniciens de l’armée de l’air à Rochefort (Charente-Maritime). Breveté supérieur spécialité « Mécanicien Avion » en octobre 1936, sa première affectation à l’École de Perfectionnement au Pilotage de la base aérienne 251 d’Etampes-Mondésir conduit sa carrière militaire : le simple soldat de 2ème classe y découvre trois autogires. Employé sur ces matériels, il vole comme passager à plusieurs reprises. Muté à Istres il reçoit de plus le macaron « mitrailleur en tourelle d’avion ».

À la fin de la guerre, Émile Martin est officiellement sergent-chef et officieusement, sous-lieutenant résistant. Affecté comme mécanicien automobile en Algérie, il demande à revenir sur avion au moment où l’armée de l’air cherche à former ses tout premiers mécaniciens hélicoptères pour l’Indochine. Il retrouve un ancien d’Istres, le capitaine Santini, chez Hélicop-Air au cours d’un stage sur Hiller 360, puis enchaîne un autre stage sur WS-51 chez Westland en Angleterre. À l’issue, il rejoint l’Indochine. Il fait partie de la délégation qui se rend en Corée via une base américaine au Japon, fin 1953, pour évaluer les sept derniers S-55 (H-19) mis à la disposition de la France par les USA après le cessez-le-feu de la guerre en Corée. Affecté à l’état-major de Saigon en 1954, il est en charge de la maintenance des hélicoptères des deux escadrilles d’Indochine et des approvisionnements en pièces de rechange. Il est ensuite nommé Chef des moyens techniques de la 65ème Escadre d’hélicoptères. Son investissement au profit des formations hélicoptères d’Indochine est alors particulièrement remarqué. 

À la fin de son séjour indochinois, il effectue un bref passage sur avion au sein de l’Atelier de Maintenance et Réparation de Rabat au Maroc. Mais, du fait de ses compétences sur hélicoptère, il ne reste que deux mois au Maroc pour être affecté comme officier mécanicien à la toute nouvelle Escadre d’hélicoptères n° 2, placée sous les ordres du lieutenant-colonel Brunet, autre Apprenti Mécanicien, de deux ans seulement son aîné.

Le lieutenant-colonel Brunet l’enrôle dans les essais d’armement du H-34. Si Félix Brunet a été le concepteur du H-34 armé, le capitaine Émile Martin l’a réalisé. Confrontées à d’importants déficits en matériel, les qualités du capitaine Martin font merveille et conduisent à la naissance du prototype du H-34 « Mammouth », puis à son homologation. Symbole d’une réussite exemplaire, soixante-dix hélicoptères seront armés, à la demande, dans l’armée de l’air jusqu’en 1973. L’idée sera copiée par plusieurs armées dans le monde. 
Cet entraîneur d’hommes allait régulièrement sur le terrain en détachement ou pour les dépannages, encourageant et aidant ses ouailles. Il demandait beaucoup et donnait de même, familier et bourru.
Après l’Algérie, le capitaine Martin prend le commandement en second de l’Entrepôt de l’armée de l’air n° 602 de Romorantin. Commandant en 1964, il prend sa retraite avec le grade de lieutenant-colonel de réserve. Officier de la Légion d’honneur, il arbore de nombreuses autres décorations, dont celles de la Croix de guerre TOE, de la Croix de la valeur militaire, et de la Croix du combattant. 

Le lieutenant-colonel Martin a incarné à la perfection l’archétype de l’officier mécanicien des hélicoptères de l’armée de l’air.