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Sauvetage dans les
"Marmites" de la Dumbéa |
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" Il fallait à tout prix sortir
vivant de la vallée "
Ils n’arrivaient pas à chasser de leurs esprits le souvenir de
cette fillette. Engagés trop tard, ils n'avaient rien pu faire pour
sauver ce bébé de trois ans, il y a une semaine, retrouvé mort noyé
dans un véhicule emporté par les eaux, à Voh.
Mercredi 5 janvier au soir, l'escadron de transport 52 des
Forces armées de Nouvelle-Calédonie (Fanc) a accompli un acte
héroïque.
Seuls, les militaires n'auraient rien pu faire et l'organisation an
cordeau avec Ia Sécurité civile et les pompiers de Dumbéa a permis
de ne déplorer aucune perte humaine. Le déluge qui s’est abattu sur
le pays a piégé un groupe de quatorze randonneurs (trois adultes et
onze enfants) sur la promenade des Marmites, dans la vallée de
Dumbéa. Avant que la nuit tombe, sept mineurs avaient pu. être
secourus par la Sécurité civile. Mais la montée inexorable de la
rivière a contraint les autorités à appeler à la rescousse les
Forces armées.
L'équipe d’alerte de l'escadron de transport est engagée. A 21h15.
un hélicoptère Puma décolle de La Tontouta avec à son bord deux
pilotes, dew: mécaniciens navigants et deux sauveteurs plongeurs. L'équipagc
est expérimenté mais l'opération n’en est pas moins risquée : les
conditions météorologiques sont extrêmes, le plafond nuageux
est au plus bas, la visibilité exécrable et les randonneurs en
danger. Une course contre la montre s'engage mais il ne faut pas
prendre de risques inconsidérés au risque du sur-accident.
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" En temps normal, l’hélicoptère
progresse d'environ dix kilomètres en trois à cinq minutes. Nous
avons mis, mercredi soir, vingt et une minutes ", raconte l’un des
pilotes, le commandant Jean-Baptiste qui dirige l'unité de
transport.
En entrant dans la vallée, c'est un monde hostile auquel l'équipage
doit faire face. Des murs
d’eau s’écrasent sur le pare-brise panoramique de l'aéronef. Le
trajet est éprouvant, "c'était un
combat de tous les instants. Chacun doit tenir son rôle et met sa
vie dans la main des autres".
I1 est 21h48 et l’hélicoptère se positionne en stationnaire à
vingt cinq mètres au-dessus d'un premier groupe de cinq personnes
(trois adultes et deux enfants). Ils sont au bord de la rivière "à
flanc de falaise". Il n'est plus possible de revenir en arrière.
Harnachés à un filin, les sauveteurs plongeurs sont posés au sol.
Chaque seconde compte.
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Pendant qu'un militaire remonte avec
une victime grâce an treuil, son camarade en équipe
une autre pour ne pas perdre de temps. " j’ai alors un visuel
permanent sur quatre pompiers
(de la Sécurité civile spécialisés dans les interventions en eaux
vives, NDLR) qui ont été
déposés quelques heures plus tôt. Ils étaient sur un bout de terre
au milieu de Ia rivière. Il fallait
vite les secourir parce que l'eau montait à une vitesse
impressionnante. La situation devenait
dangereuse, ça pouvait être vite critique ", se souvient-il.
Trente-quatre minutes précisément plus tard, les neuf personnes sont
récupérées saines et sauves. Les plus jeunes rescapés -1'un d'eux
avait onze ans - sont en état de choc. Aux opérations délicates de
de manœuvre de l’hélicoptère, il faut aussi rassurer les victimes.
A plusieurs dizaines dc kilomètres des Marmites, au quartier
Alleyron à Nouméa, l'état-major interarmées est sans aucune
nouvelle. Les communications avec La Tontouta par radio sont rompues
à cause du relief. Le portable est interdit pendant la phase de
treuillage.
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Une difficulté se pose : les réserves de carburant du Puma
s'amenuisant, les militaires ne peuvent pas prendre le risque de
chercher les deux derniers randonneurs - des ados de 16 ans -
coincés deux kilomètres plus loin.
Le commandant Jean-Baptiste prend la décision de quitter la zone car
" j'ai estimé que mes réserves de fioul ne me permettaient pas de
poursuivre la mission " et de déposer les neuf personnes au stade
d’Auteuil où la Sécurité civile et les pompiers les attendaient. "Il
fallait à tout prix sortir vivant de Ia vallée ", confie le
militaire, et ce ne fut pas simple.
Dans les périodes les plus difficiles, les pilotes ont une visibilité
de moins de 200 mètres sur
plusieurs kilomètres, " ce qui est ridiculement bas en aéronautique
". En chemin, le contact est repris avec l'état-major. Un
soulagement pour les équipes à Nouméa. Les hauts responsables
militaires avaient anticipé et mis en alerte un second hélicoptère.
Une décision cruciale car celui-ci traverse
aussitôt le ciel poux rejoindre Ie stade d’Auteuil et ravitailler en
carburant le premier Puma.
A 00h25, les 900 litres de carburant sont transférés entre les deux
appareils. 00h35, Jean-Baptiste et son équipe redécollent : " les
pompiers étaient en contact permanent avec les deux adolescents. On
savait qu'ils étaient en bonne santé et que leurs vies n'étaient pas
en danger immédiat ". Profitant d’une fenêtre météorologique un peu
meilleure, il leur faut douze minutes pour rejoindre les jeunes
prisonniers des eaux et six minutes supplémentaires pour les
hélitreuiller.
Au lendemain dc cette opération hors-norme et "à risque" qui aura
duré plus de sept heures, le sentiment du devoir accompli règne sur
les équipes de secours. " On a été aux limites de ce qu'on pouvait
faire. Nous n'aurions jamais pris ces risques si ce n'était pas pour
sauver des vies ",
jure le commandant Jean-Baptiste. De toute leur carrière de
militaires, cette mission fut la
plus dangereuse.
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Reportage : Jean-Alexis
Gallien-Lamarche
des Nouvelles calédoniennes
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